Se dĂ©faire des idĂ©es reçues pour ne plus ĂȘtre un·e dirigeant·e isolé·e
Pas le droit de se plaindre quand on dirige ? Une idée reçue enfermante !
VoilĂ la premiĂšre dâune sĂ©rie sur les idĂ©es reçues sur la posture des dirigeants, qui contribuent Ă les isoler dans un rĂŽle quâon croit souvent normal, ou obligatoireâŠ
Et pourtant ces idées ne sont pas forcément fondées !
Je vous invite en tout cas Ă les regarder, pour voir si elles vous concernent et Ă©ventuellement, voir si vous souhaitez les garder ou les mettre Ă la poubelle đïž !
Le problĂšme : les dirigeant·e·s sont trop isolé·e·s đ
3/4 des dirigeant·e·s de PME et ETI (soit 110 000 dirigeant·e·s) se sentaient peu entouré·e·s et 45% mĂȘme isolé·e·s en 2016 selon une Ă©tude BPI France. Je ne pense pas que ça ait beaucoup Ă©voluĂ©, je nâai rien trouvĂ© de plus rĂ©cent (si vous avez, ça mâintĂ©resse).
Moi, en 15 ans dâaccompagnement dâentreprises, jâai remarquĂ© une chose : il y a les boĂźtes dont les dirigeants sont ouverts sur leur environnement, quâon retrouve toujours partout, prĂȘts Ă aller chercher les aides existantes pour leur entreprise, Ă sâentourer des institutionnels qui existent, quâon retrouve dans plein de rĂ©seaux⊠bref, ceux qui sâappuient sur un Ă©cosystĂšme oĂč ils sont bien intĂ©grĂ©s. On voit un peu toujours les mĂȘmes partout. Ils ont de fait une culture assez large du paysage qui les entoure, sâintĂ©ressent Ă des mĂ©thodes nouvelles, se posent plein de bonnes questions, souvent.
Ca ne veut pas dire que la boĂźte a 0 problĂšme, non plus, mais ce nâest pas dans ce type de boĂźte-lĂ en gĂ©nĂ©ral quâon retrouve une situation Ă la Zola.
Et puis tous ceux quâon ne voit jamais. Qui restent juste la tĂȘte dans le guidon sur leur activitĂ©, tout le temps. Qui dĂ©couvrent totalement, au hasard dâun Ă©vĂ©nement, lâexistence dâinstitutionnels qui auraient pu les aider depuis longtemps. Qui sâempĂȘtrent dans un manque de vision et dâouverture sur lâextĂ©rieur, tournent en boucle dans leurs prĂ©occupationsâŠ
On a lâimpression quâils pensent quâils peuvent / doivent tout gĂ©rer tous seuls.
Je ne sais pas si ces 2 catĂ©gories que je fais reflĂštent le vĂ©cu rĂ©el de ces dirigeants, se sentir isolĂ© ou non. Je pense quand mĂȘme que la premiĂšre a plus de chances de faire vivre sa boĂźte que la 2e⊠quoique certains peuvent tenir longtemps comme ça, mais Ă quel prix⊠parfois celui de leur vie personnelle.
Personne ne devrait avoir Ă choisir entre vie pro et vie perso
Ni les dirigeants, ni les autres. Le travail, ça peut ĂȘtre une passion, mais ça reste un moyen de vivre. Alors si câest pour finalement travailler, plus pour vivre, mais juste pour travailler⊠on se perd soi-mĂȘme en fin de compte.
Lâisolement des dirigeant·e·s me paraĂźt surtout liĂ© Ă des croyances fortes .. et pas forcĂ©ment basĂ©es sur la rĂ©alitĂ©.
Voici la premiÚre de la série.
Croire quâon doit tout gĂ©rer seul·e et ne rien montrer
Les rĂ©sultats de lâĂ©tude BPI confirment cette explication (interview de David Targy de BPI Lab) :
âLe fait de dissimuler ses doutes, ses faiblesses, pose un vrai problĂšme Ă de nombreux dirigeants. Ils disent quâils se sentent obligĂ©s dâabsorber le stress qui les environne et de dĂ©gager en contrepartie de la sĂ©rĂ©nitĂ©, pour ne pas paniquer leurs Ă©quipes. Pour eux, cela fait partie de la posture du dirigeant. Le dirigeant a tendance Ă sâisoler naturellement. Il a du mal Ă faire confiance aux autres, Ă se confier.â
Ce genre de croyance, jâappelle ça une injonction : quand cela devient une rĂšgle de vie, quâon ne rediscute pas, dont on nâa parfois pas conscience quâelle est lĂ . Nous en avons tellement en stock, de ces rĂšgles hĂ©ritĂ©es, soit de notre famille (rĂ©elle), de notre famille professionnelle, de la sociĂ©tĂ©, etc. quâelles nous envahissent et nous cloisonnent dans des fonctionnements qui parfois, finalement, nous desservent plus quâautre chose.
Les injonctions qui nous guident et comment nous nous auto-harcelons avecâŠ
Cela faisait des annĂ©es que cette notion dâinjonction me trottait dans la tĂȘte, sans pouvoir vraiment mettre le doigt dessus. Un peu comme le mot sur le bout de la langue, vous voyez ? Sans vraiment avoir les outils ou les mots pour en faire quelque chose ! A part mâĂ©tonner de la frĂ©quence Ă laquelle les personnes sâauto-reprochent ce quâelles sont, ce que je trouvais dramatique.
Car ce que nous sommes ne fait pas partie de ce sur quoi nous avons un contrĂŽle !
Donc comment nous le reprocher nous-mĂȘmes ? Comment avancer si nous commençons par des reproches ?
Ce que nous sommes est la résultante de tout notre parcours de vie, nos apprentissages, notre culture⊠nous sommes ce que notre environnement a fait de nous. Et ce que nos choix nous ont conduit à faire, certes, mais nos choix sont influencés par⊠notre environnement !
Il paraĂźt que la sagesse câest de ne pas chercher Ă contrĂŽler ce qui nâest pas contrĂŽlable !
âQue la force me soit donnĂ©e de supporter ce qui ne peut ĂȘtre changĂ© et le courage de changer ce qui peut l'ĂȘtre mais aussi la sagesse de distinguer l'un de l'autre.â - Marc AurĂšle
Je suis ravie dâavoir enfin trouvĂ© des outils pour aider les personnes Ă les repĂ©rer et faire le point sur mis le doigt dessus et pouvoir les identifier avec mes clients.
Je vous explique aprÚs comment les repérer mieux.
DâoĂč vient cette injonction Ă ne rien montrer ?
Pour mieux la reconnaĂźtre, voici comment on pourrait la formuler :
Je ne dois pas partager mes Ă©motions / mes problĂšmes
Une idĂ©e sans doute basĂ©e sur dâautres sĂ©ries dâinjonctions et croyances :
montrer ses Ă©motions câest ĂȘtre vulnĂ©rable
je dois savoir tout gĂ©rer, sinon je ne suis pas lĂ©gitime Ă ce poste (coucou đ syndrome de lâimposteur)
mon équipe me fera confiance si je me montre fort·e
et sans doute dâautresâŠ
â Câest une vraie idĂ©e fausse car Ă partir du moment oĂč on ne partage pas ses problĂšmes, on nâa plus du tout la mĂȘme posture dans la relation aux autres :
on se renferme sur soi
on Ă©coute Ă moitiĂ© parce quâon est prĂ©occupĂ© et donc plus âdans sa tĂȘteâ que prĂ©sent·e dans lâĂ©change
on est plus irritable, on va répondre plus sÚchement, involontairement : les collaborateurs·rices vont moins oser parler des petites choses.. de crainte de déranger (et pourtant, ce sont les petites choses qui sont les signaux faibles dont vous avez besoin)
on ne peut pas vraiment ĂȘtre authentique dans les rĂ©ponses que lâon donne, non plus, et risquer de sâenfermer dans des faux prĂ©textes ou raisons pĂ©remptoires Ă dĂ©faut de juste pouvoir dire ce qui nâest pas possible, clairement
Et lâensemble est plus contre-productif quâautre choseâŠ
Sur ce sujet, dâailleurs, jâai bien aimĂ© lâĂ©pisode du podcast Feedback : Pourquoi demander de lâaide est un acte de leader đ
â A lâinverse, quand vous partagez vos prĂ©occupations avec votre Ă©quipe :
vous lui donnez les moyens de travailler dans un sens cohĂ©rent avec vous, câest⊠mieux !
vous lui laissez lâopportunitĂ© de proposer des rĂ©ponses possibles Ă ce problĂšme, que vous ne pourriez pas imaginer seul·e (il y a en a plus dans plusieurs tĂȘtes, que dans une ⊠et surtout les opĂ©rationnels nâont pas le mĂȘme point de vue que vous, Ă©tant au quotidien dans le travail de terrainâŠ)
câest un bon moyen dâobtenir son soutien, et juste⊠ça fait du bien !
cela vous rend humain ⊠les personnes vont plus facilement elles aussi parler de ce qui ne va pas, alors que faire toujours croire que tout va bien fait penser aux gens que vous ĂȘtes plus fort quâeux et donc⊠quâils ne sont peut-ĂȘtre eux-mĂȘmes pas assez compĂ©tents, pas assez ci ou ça (comme vous, ils ont leur petite machine Ă penser dans la tĂȘte, prompte Ă dĂ©marrerâŠ)
vous ĂȘtes connecté·e rĂ©ellement aux personnes et cela facilite tellement le dialogueâŠ
Les actions Ă faire aujourdâhui
đ Mieux repĂ©rer les injonctions que nous suivons
Pour mieux les repĂ©rer, ce sont les idĂ©es qui se formulent souvent en âje doisâ.
Elles se nichent souvent dans les reproches que vous vous faites Ă vous-mĂȘmes ⊠du style âje ne suis pas assez ceciâ.
Par exemple : âje ne suis pas assez fort·eâ (en reproche) correspond assez bien Ă la grande rĂšgle âje dois ĂȘtre ou me montrer fort·eâ. Sous entendu si les autres voient que je ne le suis pas, je vais ĂȘtre discrĂ©dité·e, pas lĂ©gitime, etcâŠ
đ Faire le point :
đž Est-ce que jâagis selon cette injonction âne rien montrerâ ?
đž Est-ce que ça mâest plutĂŽt utile, ou plutĂŽt pas utile ? Quel bilan ?
đž Quâest-ce que je choisis de faire avec ?
đž Si lâidĂ©e de lâabandonner vous sĂ©duit mais vous fait peur : quelle serait la plus petite chose que vous pourriez faire dans le sens de ne plus la suivre ?
Ca me paraĂźt dĂ©jĂ pas mal pour aujourdâhui, vous avez de quoi rĂ©flĂ©chir sans doute đ
CâĂ©tait utile ? Mettez-moi un petit like, ça mâaide beaucoup ! đ„°
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