Hello ! Ca faisait un moment, non ? Voici pourquoi et j’en sors aussi des pistes pour toi si jamais tu rencontres aussi ce genre de trou créatif.
J’ai encore procrastiné sur ma newsletter… que j’aime pourtant beaucoup !
J’ai réalisé, hier, en lisant Gang de Plumes, la newsletter de Sophie Gliocas, pourquoi il ne sortait plus de newsletters de moi, en ce moment.
Bien sûr, je n’ai pas le temps : ok, j’ai été embarquée par un cyclone de rendez-vous - c’est bien, dans l’absolu - mais je ne vois plus trop le jour. En plus, j’ai une formation intensive en cours, sur plusieurs mois, à distance, avec un mémoire à la clé.
J’ai toutes les bonnes excuses pour ne pas avoir le temps. Il y en a même encore d’autres côté perso.
Pourtant je suis assez consciente que malgré le manque de temps, d’habitude, au bout d’un moment, il y a bien un écrit qui sort de mon crâne.
Ca fait plusieurs fois que j’essaie de m’y mettre, et il ne vient rien. Je venais pourtant de changer de nom1, et de revoir la ligne éditoriale, un peu, pour clarifier, en essayant de penser à mes lecteurs et ce qu’ils en attendent, a priori : des conseils, des trucs concrets. Mon idée c’était aussi de créer des outils, à mettre dans la partie pour les abonnés payants.
J’ai bien fait un brouillon de newsletter pour la nouvelle année, plutôt inspirée, j’avais tout jeté sur papier, et même une idée d’outil qui allait avec, enfin, ça avait l’air pas mal au premier jet.
J’ai rédigé presque tout. Et puis quand je suis passée à l’outil, j’étais perdue. Pourtant j’en ai fait des tas, j’en utilise tout le temps. Ca part généralement d’une idée assez précise de ce que je veux que mon client puisse faire avec. Il me semble là, que j’avais l’idée, au démarrage. Et puis au moment de le créer, elle avait l’air toute vide, l’idée. Elle ne me parlait plus. C’est parfois le problème quand je ne peux pas l’exploiter tout de suite. J’ai pensé que c’était ça.
J’ai réessayé une 2e fois. C’était pas mieux, j’avais envie de repartir sur autre chose… plus d’idée pour cet outil-là, et comme je voulais absolument lier un outil à une newsletter… pour donner quelque chose, quoi ! Du coup il aurait fallu tout changer. Mixant l’ampleur du job et le peu de temps… ça n’a plus avancé, d’autres priorités sont passées devant.
Le problème de la performance attendue
Et hier j’ai lu un post de Sophie, donc, qui faisait le bilan d’1 an d’écriture de newsletter. Qui disait :
Parce qu’après un an d’écriture à un rythme assidu, j’ai conscience de tout ce que nécessite comme efforts et comme application de tenir une newsletter suffisamment régulièrement pour obtenir des résultats.
Et là je crois que j’ai compris.
Je n’arrive plus à écrire, parce qu’il y a la notion de résultat. Ca me bloque. Ca revient à la question de performance.
C’est bête, pourquoi là-dessus ? Je n’ai pas de problème avec la question de performance, dans l’absolu, quand je suis avec mes clients ou patients, au cabinet ? Il faut bien la délivrer, la “performance”, c’est-à-dire là, la capacité d’écoute, de penser, de métaboliser le matériau brut qu’ils m’amènent en une problématique construite et pouvoir en sortir quelque chose de concret qui nous permet d’avancer; en tout cas moi, de transformer ça en analyse partagée qui les aide dans leur cheminement.
Je suis plutôt pour être efficace, concrète. Pour cette version de performance. J’aime pas quand ça traîne. On a besoin, même, de se sentir efficace dans notre travail. Voir revenir des résultats de ce qu’on fait, ça nous nourrit. (Même Yves Clot, il le dit2). S’il n’y a pas du tout de défi, on s’ennuie, même.
Enfin, à la réflexion, parfois, si, c’est arrivé que cette question de performance vienne me titiller, même en séance; mais c’est de moins en moins, avec l’expérience et l’aisance qui vient, du coup je ne m’en rendais plus compte. Je l’avais un peu chassée, comme un vieux fantôme là qui rôdait : je ne le vois plus, je l’oublie.
En fait elle ne m’embête plus, si j’arrive à être dans l’instant présent. Dans la séance avec mes clients, je suis dans la connexion avec eux, assez obligatoirement dans l’instant présent, pour être capable de les écouter. Sinon, je suis “dans ma tête” - je me pose des questions - et je perds le fil. Donc assez vite, soit ça part à te remettre les pieds sur terre, soit c’est panique à bord. Ca a dû m’arriver une fois ou deux, au début, d’être en mode panique à bord. Je ne me sentais pas outillée pour aider cette personne-là, l’impression que c’était trop compliqué pour ce que je savais faire (c’était peut-être vrai, ou pas, en tout cas je le croyais). J’ai réorienté la personne, mais il me restait une impression assez désagréable.
En me formant à la thérapie ACT, justement, qui utilise beaucoup la notion de pleine conscience et d’être dans l’instant présent, je l’ai trouvée aussi très utile pour moi, parce qu’elle invite le thérapeute, sans culpabiliser, à regarder aussi ce qui se passe dans sa tête, dans ses émotions, pendant la séance. Parce que, ça joue aussi sur ce que nous allons pouvoir apporter au patient. Du coup c’est très déculpabilisant, ça nous permet de laisser une place à ces émotions-là, qui arrivent, pas qu’à nous, pas qu’aux débutants, et une fois que c’est fait, on se re-concentre beaucoup mieux sur le sujet qui nous occupe : le problème du patient; et on est repartis. Plus de panique à bord, ou en tout cas, si ça arrive : on prend le temps de regarder, et de gérer, et c’est beaucoup plus simple.
Y a un truc rassurant de se dire que même les gars qui écrivent les bouquins de méthodes, qui sont bien plus expérimentés que toi - c’est basé sur des recherches, de l’expérimentation, etc, bref c’est sérieux, c’est pas bidule dans son coin qui a pondu une méthode - peuvent avoir des pensées parasites qui passent, ressentir de l’énervement, de la frustration, ou autre. Ils ne sont pas non plus parfaits tout le temps, même s’ils en ont l’air !
C’est précieux quand même comme idée, l’expert qui écrit un livre de méthode et qui t’avoue qu’il n’est pas dans la maîtrise parfaite tout le temps, que c’est normal de laisser la place au doute, aux errances… c’est tellement aux antipodes de ma culture initiale !
Ecrire, ça rentre dans les cases ?
J’en reviens à la question d’écrire. On a appris à écrire en suivant un plan : une dissertation, on pose nos arguments, tout est prêt, on fait le plan, et puis on rédige tout. Je n’ai jamais eu des notes mirobolantes en français non plus, dès que ça a été au-delà de l’orthographe, mais je pense que j’ai acquis le principe, quand même.
Et depuis 7 ans que je suis à mon compte (déjà !!) j’ai beaucoup absorbé de connaissances en marketing, parce que c’était vraiment tout ce en quoi j’étais complètement ignare, et j’avais vraiment du mal à faire comprendre ce que je faisais. En marketing, donc : pareil; fais ta belle ligne éditoriale, en partant de ton client idéal, ton persona, comme ça tu sais ce que tu dois écrire.
C’est sans doute forcément vrai, si tu écris professionnellement pour les autres. Il faut bien partir de quelque chose de structuré, il n’y aura pas d’inspiration qui vienne de toi !
Ca m’a permis d’écrire un temps, c’est vrai. En tout cas des posts courts. Mais où j’étais toujours frustrée parce que l’envie de développer venait avec l’écriture. Je partais toujours d’une idée, j’écrivais, d’autres idées venaient, j’atterrissais à autre chose que ce qui était prévu initialement. Je m’y suis faite, c’était des formats courts, ça pouvait encore passer de le réécrire plusieurs fois.
Comme j’ai fini par y prendre goût, à partager ce que je trouvais utile au monde, je suis arrivée ici, avec la liberté d’avoir un format plus long. Je peux développer.
Le problème, je crois, c’est que j’ai essayé de calquer le modèle précédent sur cette forme d’écriture ici. Partir d’un canevas, d’un plan. Mais ça ne marche jamais ! Je fais le plan, et en écrivant, j’arrive toujours ailleurs ! Même à essayer de me caler au plan… ça fait des bébé-lettres autres à côté, parce que je me dis que c’est pas le sujet, qu’il faut que je cale ça dans autre chose. Donc j’ai des tas de petits brouillons comme ça partout d’idées qui sont sorties, produites en route, mais qui débordent de la ligne éditoriale.
Quand l’intention derrière l’écriture, change tout !
En fait, en faisant ça, j’ai perdu l’idée initiale qui était juste d’écrire pour partager.
Je suis partie à écrire pour produire un truc tangible avec des conseils clairs et un outil. Je pensais que c’était une bonne idée.
Mais ça ne donne rien.
Je pars avec l’envie d’écrire, et plus il faut que ça rentre dans une case, moins j’ai envie. Au point que ça finit par s’arrêter complètement.
Essayer de pondre des conseils et des outils, “en l’air”, pas connecté à un besoin direct, ça n’est pas du tout connecté à cette partie de moi qui a les idées et l’envie d’écrire, apparemment.
Je me retrouve dans une position bizarre de presque donneuse de leçons, comme si je savais tout ce qu’il y a à savoir en psychologie pour t’aider. Je sais des trucs, c’est sûr, j’aide mes clients avec et ils avancent, mais ça se produit en live avec eux. Je ne pourrais pas, sans l’interaction, produire la même chose. Je n’arrive pas, non plus, à écrire si ce n’est pas directement connecté à l’envie et une idée née de quelque chose qui a envie de sortir de moi. Que je ne prépare pas.
Je crois que je me suis piégée toute seule.
C’est probablement, encore, ici, la différence entre agir pour suivre une règle qu’on se donne, ou agir en cohérence avec ses valeurs.
Quand mon intention est de partager, simplement, sans me poser d’autre question, les mots filent tous seuls. Comme maintenant. C’est une valeur forte pour moi, le partage de ce que je découvre, pour que mon savoir ne reste pas que dans ma tête. Savoir seul… ça n’a pas beaucoup de valeur ! C’est le savoir partagé, transmis, qui a un intérêt, pour moi. C’est aussi ce qui m’anime en séance, d’ailleurs. En plus de la partie un peu détective toujours, analyse, qui reste intéressante. Le plaisir de la découverte, de la compréhension de l’humain…
Quand mon intention est de produire … oups, l’inspiration se sauve ! Bonjour procrastination, motivation dans les chaussettes.
Peut-être un apprentissage aussi. J’ai eu beaucoup d’écrits à produire, de plus en plus dans l’effort, dans mes accompagnements d’entreprise. Autant j’aime animer les groupes de travail, que les gens se comprennent, qu’il en sorte des solutions, des avancées pour tous, cette espèce de magie de l’intelligence collective, autant, devoir faire le compte-rendu de tout ça ensuite… me coûte de plus en plus. Et je crois qu’écrire, même la newsletter, sous cette idée de contrainte, ça ne marche pas !
La renaissance de Te presse pas le citron 🍋
C’est comme ça que j’en suis arrivée à remettre en question profondément la ligne directrice de cette newsletter… si essayer de la faire rentrer dans les cases ne marche pas, il faut que j’élargisse les cases.
Parce que ce qui est sûr, c’est que j’ai cette envie de partage. Ca me manque trop quand je ne vous écris pas !
Un autre article plus loin, de
, et j’ai trouvé des pistes pour ma réflexion. Puisque mon envie est le partage, ses notions de points communs avec ma communauté m’ont parlé : quel est notre combat commun, notre ennemi commun, et notre idéal commun ? - bon même si en soi combat et ennemi, c’est pas trop dans mon vocabulaire - et je me méfie de leur usage - tel qu’il l’écrit, on comprend et l’idée est là.C’est quoi notre problème commun en fait ? Et pour moi… surtout les notions d’injonctions, transmises par notre société, que je retrouve presque tout le temps chez mes clients et qui les empoisonnent, et la méconnaissance que nous avons de notre fonctionnement mental (et de celui des autres, de fait) qui font qu’on se complique tant la vie et les relations. Je ne dis pas que j’ai toutes les solutions. Ca ne reste pas toujours plus simple pour moi au quotidien, c’est loin d’être parfait ! Mais quand même, on voit plus vite les cercles vicieux s’installer, dans nos comportements ou nos relations. Et les outils d’acceptation des émotions sont vraiment aidants.
Ca se résume pour moi à cette idée : arrête de te presser le citron. Ca ne donne rien ! Plus tu te pressures, moins ça marche. Ou alors, ça n’a qu’un temps…
Je ne sais pas si c’est ce que tu vas trouver de commun avec moi. Aucune idée. Je me dis que je vais faire à l’envers, comme d’autres ici (sur Substack) qui m’inspirent, que ça fasse du résultat ou pas : j’écris ce qui me vient en envie à partager, et me suive qui y trouve un intérêt ! Et peut-être que ça continuera à s’alimenter et évoluer tout seul dans le temps. Visiblement, l’important c’est de laisser libre cours à la créativité. Elle ne marche pas avec des cases, en tout cas pour moi. Je me dé-presse le citron 🍋 aussi, et déjà, ça marche pour moi.
C’est des phénomènes que j’ai déjà remarqué plein de fois avec mes clients. Plus on veut un truc, contrôler ce qui se passe, plus finalement les efforts qu’on fait dans ce sens sont contre-productifs. Quand ils peuvent lâcher l’affaire, tout s’arrange… Ca marche en matière de relations avec les autres (on ne peut pas contrôler le comportement des autres !) et apparemment, ça marche peut-être en partie avec notre côté de cerveau un peu incontrôlable, celui des émotions. J’aurais dû m’en rendre compte avant : c’est directement lui qui écrit, pas mon côté si pensant et rationnel. Le rationnel, il ne crée pas…
Bon du coup je vais te coller des citrons partout, désolée 😂
🍋 Savoir détecter ton intention pour te réaligner
Si tu vois que tu procrastines, comme moi, répétitivement sur quelque chose, qui pourtant t’enthousiasmait au départ : essaie de revérifier ton intention ! Pourquoi tu le fais ? Quel sens tu y mets ? Est-ce qu’il te correspond encore ?
Je t’ai pondu (oui, là ça a été vite) un arbre décisionnel pour t’y repérer mieux, si tu veux, dans la boîte à outils de l’entrepreneure zen. C’était pas du tout ce qui était prévu. Eh ben, tant pis !
A bientôt !!
Histoire de rappeler, ça doit être chronique chez moi, j’ai changé le nom de mon entreprise 3 fois, et là j’en suis à pareil pour la newsletter. Peut-être que là ça va être stabilisé ? Il y a un temps de maturation nécessaire ? La newsletter s’appelait initialement Les 2 minutes charge mentale, puis Focus - les 2 minutes anti-stress, pour coller mieux à ce qui me semblait adapté.
https://www.santetravail-fp.fr/temoignage/yves-clot-cnam-la-qualite-du-travail-est-centrale-pour-la-sante Au passage, j’aime beaucoup depuis le début ce qu’il dit, j’ai toujours trouvé que ça avait vraiment du sens, dans l’explication des risques psycho-sociaux. On est malade de faire du travail de m****, parfois, simplement.