Etre dirigeant, c'est (toujours) décider seul ?
3 idées à discuter, et 4 étapes s'appuyer sur l'équipe
Une partie de la charge mentale de dirigeant, c’est le poids de devoir décider. Toujours dans un environnement mouvant, incertain. On prend des tas de décisions par jour, des microdécisions, et des grandes par moments.
Quand on est tout seul et qu’on se loupe, on ne peut s’en vouloir qu’à soi-même. C’est déjà pas terrible, mais on peut se pardonner (ça fait partie de ce qui s’apprend, aussi, ne pas ruminer toujours les échecs !). Et puis, quand on a personne sous la main, il faut bien faire avec. Quoique, mais c’est un autre sujet.
Mais quand on a du monde avec soi, une équipe ou plusieurs, et qu’on se rate, ça ne va pas manquer, on va avoir un retour… voire, ça peut coûter très cher. Le nombre de dirigeants qui m’ont raconté avoir choisi une machine chère, pour aider leurs équipes, et “qu’ils ne s’en servent même pas” … Petite ou grande entreprise, même combat.
Alors vaut-il mieux choisir seul ou non ? Comment prendre la bonne décision ?
Examinons les croyances associées !
📌 Décider seul, ça va plus vite.
C’est vrai, mais, seulement si on a toutes les compétences sous un même crâne pour faire le choix. Si on ne les a pas, ça va tout de suite être plus long, parce qu’on va se poser plein de questions, et qu’il va falloir chercher beaucoup d’informations et les synthétiser. Ca peut être carrément pénible, et long. Si votre métier de base par exemple c’est plutôt commercial, et que vous devez prendre une décision sur l’outil qu’utilise votre équipe, qui fait aussi du SAV : vous allez avoir du mal à avoir tous les éléments pour faire le bon choix, parce qu’il y a plein d’éléments techniques de leur métier qui vous échappent.
➡️ soit vous prenez le chemin long, vous cherchez tout seul. En plus, si vous choisissez mal, vous ne manquerez pas d’entendre râler sur l’outil. Et encore, est-ce qu’il y avait vraiment un bon choix possible… dès l’instant où on choisit pour nous, sans nous… il n’y a souvent rien qui soit bien ! Normal, les personnes n’ont pas vécu la trajectoire qui a permis d’aboutir à ce choix. C’est le cheminement qui rend compréhensible un choix.
➡️ soit vous prenez le chemin court, vous les réunissez et leur présentez les choix avec suffisamment de détails : ça ira beaucoup plus vite car ils ont les bons critères, ceux de l’usage qu’ils font de l’outil ! Et, comme ils ont choisi, ils ont aussi compris les tenants et aboutissants de chacun, et le choix final n’est peut-être pas parfait, peut-être même que vous auriez pris le même, mais là tout le monde sait pourquoi c’est celui-là et pas l’autre. On l’a vécu ensemble.
Il reste des moments où il reste utile de décider seul quand même pour aller vite, parce qu’il ne faut pas non plus tomber dans l’excès de bureaucratie au risque de ne jamais avancer du tout. C’est avoir selon plusieurs critères :
👉 quel impact ça va avoir, sur qui ? en gros quel est le niveau de risque pris avec cette décision ? (mais ça.. il peut vous être difficile aussi de l’évaluer - nombre de mauvais choix que l’on voit sont pris en toute sincérité et croyance que ça ne posait pas de problème)
👉 le niveau d’information nécessaire, et s’il nécessite plusieurs cerveaux / visions (en rapport souvent, avec le critère 1)
👉 quel niveau d’urgence à décider ? (attention, de vraie urgence… certaines, dont on a l’impression qu’il y a le feu au lac, peuvent quand même attendre 2 minutes avec grand intérêt, parfois !)
👉 quelle complexité à réunir les personnes nécessaires ?
📌 Décider seul, c’est mon rôle parce que je suis le manager.
Ca c’est juste une vision possible des choses, en fait, pas une réelle obligation. Rien ne vous oblige à manager comme ça, en réalité. C’est plus une croyance qu’on s’impose parfois, je les appelle des injonctions, celles de ce style : les choses que l’on pense devoir faire, qu’on ne réinterroge pas tellement elles ont l’air logiques, parfois. On vit avec et on ne les voit plus. Notre environnement a toujours considéré que c’était normal de faire comme ça, on l’a intégré …
Mais si on teste autre chose, on se rend compte que ça peut marcher.
➡️ On peut lâcher prise petit à petit et commencer par regarder ce qui pourrait être remis au choix de l’équipe, qui ne change rien à sa légitimité, son rôle.
➡️ On peut aussi se rendre compte, que plus on laisse l’équipe participer aux choix, plus elle est motivée et engagée dans le travail ! Et en fait.. on change complètement de posture de dirigeant.
📌 Décider à plusieurs, c’est trop compliqué, personne ne veut la même chose.
Ca, ça peut être très vrai. Mais ça dépend surtout de comment on s’y prend.
J’ai un jour rencontré une cadre d’hôpital qui m’a raconté avoir fait le tour de ses équipes pour choisir un modèle de fauteuil pour les patients, je crois (mémoire de poisson rouge, ON 🐡) ; elle a collecté tous les avis, pris du temps, fait un choix finalement à partir de là, et … le choix n’avait satisfait personne ! Elle en était complètement dépitée, et vraiment désabusée d’essayer de faire du “participatif”. Mais, fait comme ça, ça ne me surprenait pas du tout.
En faisant une liste à la Prévert, ça ne peut pas marcher. Chacun va donner ses critères, ça fait une grosse liste, et après… on priorise comment ? On met des notes ? On se prend la tête encore plus !
La démarche est pourtant plus simple que ça, mais elle ne s’invente pas non plus (pas juste du bon sens ! de la méthode !) :
1️⃣ On va voir le travail 💼 des gens. Vraiment. C’est votre équipe, vous avez l’impression de savoir. Mais ce n’est pas assez. On va regarder vraiment comment ça se passe au quotidien, assez pour comprendre ce que les gens essaient de faire, à quoi ils tiennent, ce qui est essentiel pour eux, et tous les paquets d’aléas qu’ils rencontrent (et leur demander, bien sûr !). Comme quand même vous devez déjà en connaître pas mal sur leur travail, en tout cas ce que vous en attendez, et les grandes lignes de comment ça fonctionne, ça ne devrait pas être très long. L’important, c’est de mettre les bonnes lunettes : celles du non-jugement…
➡️ Si ça ne vous passionne pas, je suis là, je peux le faire pour vous. Mais franchement, je préférerais vous l’apprendre. La cohésion que ça crée avec votre équipe, elle devrait être avec vous, pas avec moi.
2️⃣ On part de ce qu’on a compris pour commencer à déterminer à quoi devrait ressembler cette solution 📋, l’équipement qu’on choisit par exemple. Reprenons le fauteuil. Il sert à quoi, à qui, à quels moments, comment ? Ils mettent les gens dedans à quel moment ? Etc. Votre personnel, il a besoin qu’il ait quelles caractéristiques, ce fauteuil, pour convenir à tous leurs usages ? En fait, vous faites le cahier des charges. Ca n’a pas forcément besoin d’être hyper précis. Vous allez voir après avec ce que vous allez pouvoir trouver…
3️⃣ On fait le tour de l’existant, le benchmark 👀. C’est long, pas très marrant… mais vous l’auriez fait de toute façon. Là, c’est déjà moins pénible parce que vous avez un peu plus en tête surtout les critères de ce qu’il ne faut pas avoir : des accoudoirs fixes peut-être, un dossier trop haut, trop de recoins à nettoyer, etc, je ne sais pas. En ayant déjà une image en tête de ce qui ne marche pas, quand vous faites le tour des fournisseurs, ça s’éclaircit beaucoup plus vite. Il vous reste une short-list. Il y a aussi le budget, vos autres critères à vous, ceux de l’entreprise.... Ca restreint souvent assez.
4️⃣ Vous présentez la short-list à votre équipe, ou une partie représentative si elle est trop grande, et vous réfléchissez ensemble (ça prendra pas plus de temps qu’aller tous les voir un par un). Vous regardez pour chaque solution, ce qui paraît bien, pas bien, et ça se discute. En discutant, vous allez voir de nouveaux critères émerger, ceux qui ne remontent pas si facilement à la conscience, ceux où si vous leur demandiez à froid, ils ne sauraient pas vous dire. Notez ça et continuez à avancer, en éliminant ceux qui ne vont pas du tout. Pour ceux qui restent, testez-les, d’abord en imagination, avec votre équipe : faites-les se projeter dans leur utilisation. A telle phase de leur travail, comment ça marche ? Est-ce que c’est OK ? Ou pas ?
Déjà juste avec ces 4 points, vous arrivez à un niveau de choix forcément beaucoup plus cohérent. Vous allez savoir aussi directement, ce qui peut coincer ou non, du point de vue de votre équipe. Vous avez vos points de vigilance. L’équipe peut vous faire plus confiance, car vous avez créé ça ensemble. Ce n’est plus juste eux qui sont aux prises avec les solutions incompatibles avec le travail, vous êtes dedans aussi ! Si vous cherchez un moyen de gagner en leadership : ça se pose là 🤩
J’en aurais encore beaucoup à vous raconter, mais je pense que j’ai déjà dépassé les 2 minutes, donc merci 🤩 d’être encore là, et dites-moi en commentaire :
si vous voulez la suite sur ce thème (d’autres points à discuter)
si vous avez d’autres choses qui vous gênent aux entournures, pour faire des choix à plusieurs : vos questions m’aident à écrire !